Editorial août 12, 2020

La COVID-19 et son impact sur le Forum

La pandémie causée par la COVID-19 a montré que la vulnérabilité peut toucher l’humanité dans son ensemble, pour des raisons d’ordre naturel ou social. La quadruple crise que cette pandémie a provoquée (sanitaire, sociale, économique, politique) montre également la nécessité de valoriser davantage la culture du commun, la coexistence, les politiques de soins, l’économie circulaire, la durabilité et l’équilibre avec la nature.

L’impact de la pandémie et la manière d’y répondre montrent que les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables sont les plus touchées. Avec la pandémie, la peur et la xénophobie se sont propagées, les frontières ont été fermées, ce qui a eu pour conséquence de fragiliser davantage la vie des immigrants et des réfugiés. La solidarité, en tant que valeur renforcée face aux crises, rivalise fortement avec les discours de haine. Les enfants sont confrontés au problème grave de l’interruption de l’éducation, due au confinement. Les violences faites aux femmes augmentent en raison du besoin forcé de cohabitation.

L’augmentation de l’utilisation des réseaux sociaux entraîne également une recrudescence du harcèlement et des fausses nouvelles. Les extrémismes, aujourd’hui confinés, menacent de faire leur retour dans les rues avec une agressivité accrue. L’impact social et économique de la crise multiplie par deux le nombre de personnes en situation de faim extrême et d’insécurité alimentaire aiguë (au total plus d’un milliard), et de larges poches de populations en situation de pauvreté s’accroissent. Cette situation peut également être facteur de déception et de désespoir, et si des politiques de protection cohérentes ne sont pas mises en place, de nouvelles vagues de violence sociale sont à craindre.

Dans le domaine des politiques, la pandémie, toujours présente, génère une incertitude quant au rôle futur des États, des finances, des priorités d’investissement et des services publics. Le renforcement des démocraties, représentatives et participatives ou, au contraire, de l’autoritarisme.

Le concept de « sécurité nationale » doit être plus proche de celui de « sécurité humaine ». L’investissement dans l’armement et les technologies de la sécurité doit laisser la place qu’elle mérite à l’innovation dans le domaine de la science et de la santé (la pandémie en est la preuve). La coexistence entre la gouvernance mondiale et la gouvernance locale devient de plus en plus importante.

Pour conclure, cette crise mondiale, conséquence de l’émergence d’un nouveau virus, représente un changement à échelle mondiale dans de nombreuses sphères de la vie. Elle représente un danger pour la cohabitation et la paix, mais également une opportunité de construire un mode de vie meilleur, plus sain et plus juste. C’est pour cela, et pour bien d’autres raisons encore, que le Forum revêt une importance accrue dans ce contexte.